Maïté Molla Petot

Praticienne pour humains et animaux
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Et si l’on se changeait les idées ? Le chat botté.

Et si l’on se changeait les idées ? On en a tous besoin par les temps qui courent ! Aussi, je me propose aujourd’hui de vous faire rêver avec… le chat botté ! Et je vous donne l’interprétation du conte juste après 😉 en fin d’article.

Pour l’Histoire de l’histoire, sachez que ce conte a connu le succès grâce à trois versions très proches rédigées entre le 15ème et le 17ème siècle par Giovanni Francesco Straparola, Giambattista Basile (pour qui l’animal est une chatte) et Charles Perrault.

Le chat botté

Un pauvre meunier mourut en ne laissant en héritage à ses trois fils que son moulin, un âne et un chat. A l’aîné revint le moulin, au second l’âne et au troisième, qui en fut très affligé, le chat.

« Mes frères pourront gagner leur vie en travaillant ensemble, mais moi, que vais-je devenir ? Après avoir mangé le chat et utilisé sa fourrure il ne me restera plus qu’à mendier en espérant ne pas mourir de faim ou de froid pendant l’hiver ! 

– Ne vous tourmentez pas, répondit aussitôt le chat, vous n’avez qu’à me confier un sac et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n’êtes pas si désavantagé que vous croyez. »

Le maître, connaissant la malice de son chat pour l’avoir vu attraper tant de souris et utilisé tant de tours pour se sortir de mauvais pas, fit ce que l’animal avait demandé et lui amena bientôt une paire de bottes neuves à sa taille. Le chat enfila les bottes, mit son sac à son cou, prit les cordons avec ses pattes avant et s’en alla dans une garenne où il y avait grand nombre de lapins. Il mit du son, des carottes et des pissenlits dans son sac et, s’étendant pour faire le mort, attendit qu’un jeune lapin, peu instruit des ruses de ce monde, vienne se fourrer dans le sac pour manger ce qu’il y avait déposé.

Il eut à peine le temps de s’allonger qu’un jeune étourdi de lapin entra dans son sac. Le chat tira aussitôt les cordons et tua le lapin d’un coup de gourdin. Puis, il s’en alla immédiatement en portant sa proie en direction du palais du roi et demanda à lui parler. Il fut conduit chez Sa Majesté et fit une grande révérence avant d’annoncer :

« Voilà, sire, un lapin de garenne que monsieur le marquis de Carabas (c’est ainsi qu’il choisit d’appeler son maître) m’a chargé de présenter de sa part.

– Dis à ton maître, répondit le roi, que je le remercie et qu’il me fait plaisir. »

Quelques jours plus tard, le chat utilisa le même plan dans un champ de blé et captura deux perdrix qu’il offrit également au roi de la part de son maître. Le souverain fut très touché, remercia chaleureusement et offrit une récompense.

Le temps s’écoula ainsi, le chat offrant régulièrement au roi du gibier de la chasse de son maître.

Un jour qu’il apprit que le roi devait aller à la promenade sur le bord de la rivière, avec sa fille, la plus belle princesse du monde, il dit à son maître :

« Si vous suivez mes conseils, votre fortune est faite : vous n’avez qu’à vous baigner dans la rivière à l’endroit que je vous montrerai et ensuite me laisser faire. »

Le marquis de Carabas fit ce qu’on lui conseillait sans savoir à quoi cela allait bien pouvoir servir. Le chat cacha ses habits sous un gros rocher. Pendant que son maître se baignait, le roi vint à passer et l’animal se mit aussitôt à crier « au secours ! Au secours ! Le marquis de Carabas se noie ! » En entendant les appels à l’aide, le roi tourna la tête et, reconnaissant le chat, ordonna à ses gardes d’aller secourir monsieur le marquis de Carabas. Pendant qu’on retirait le pauvre marquis de la rivière, le chat s’approcha du carrosse et expliqua au roi que des bandits avaient volé les vêtements de son maître durant sa baignade.

Le roi ordonna aussitôt aux officiers de sa garde-robe d’aller chercher un de ses plus beaux habits pour monsieur le marquis de Carabas. Les beaux vêtements le mettant en valeur, lui qui était déjà bien fait de sa personne, la fille du roi ne tarda pas à en tomber amoureuse. Le roi le pria de monter dans son carrosse et de terminer la promenade à ses côtés.

Le chat, voyant que son plan fonctionnait, courut sur la route pour aller plus vite que le carrosse. Il rencontra des paysans qui fauchaient un pré et leur dit « bonnes gens, si vous ne dites pas au roi que le pré que vous fauchez appartient à monsieur le marquis de Carabas, vous serez hachés menu comme de la chair à pâtée. » Lorsque le roi arriva à leur hauteur, il ne manqua pas de demander aux faucheurs à qui était ce pré et ils répondirent qu’il appartenait au marquis de Carabas car les menaces du chat leur avaient fait peur.

« Vous avez là un bel héritage, dit le roi au marquis.

– Vous voyez, sire, répondit le marquis de Carabas, c’est un pré qui ne manque pas de rapporter abondamment tous les ans. »

Pendant ce temps, le maître chat, qui courait toujours loin devant le carrosse royal, rencontra des moissonneurs.

« Bonnes gens, si vous ne dites pas au roi que tous les blés que vous moissonnez appartiennent à monsieur le marquis de Carabas, vous serez hachés menu comme de la chair à pâtée. »

Lorsque le roi arriva à hauteur des blés il demanda à qui ils appartenaient et comme on lui répondit qu’ils étaient au marquis de Carabas le monarque s’en réjouit avec son ami le marquis.

Le chat continua ainsi tout le long de la route et le roi fut étonné des grands biens que possédait monsieur le marquis de Carabas.

Le maître chat arriva enfin dans un beau château qui appartenait à un ogre, le plus riche qui soit, car toutes les terres où était passé le roi étaient en fait la propriété de l’ogre. Le chat s’informa auprès d’un serviteur de qui était cet ogre et de ce qu’il savait faire, puis il demanda à le rencontrer. Il lui dit qu’il n’avait pas voulu passer devant un aussi beau château sans avoir l’honneur de saluer son propriétaire. L’ogre le reçut poliment, flatté du compliment.

« On m’a assuré que vous aviez le don de vous changer en toutes sortes d’animaux, que vous pouviez par exemple vous transformer en lion, en éléphant.

– Cela est vrai, répondit l’ogre brusquement, et pour vous le prouver, vous allez me voir devenir un lion.

Le chat fut terrifié de voir un lion devant lui et sauta sur les poutres hautes de la salle à manger. L’ogre reprit sa forme d’ogre et le chat descendit. Il dit alors :

« On m’a assuré également, mais je ne peux le croire, que vous pouviez aussi prendre la forme des plus petits animaux tels que les rats, les souris. De par votre grandeur, cela doit être impossible.

– Impossible ! reprit l’ogre, vous allez voir. »

Et il se changea en souris et se mit à courir sur le plancher. Le chat se jeta dessus et la mangea.

Le carrosse du roi arriva alors au château et, en l’entendant passer le pont levis, le maître chat courut au-devant :

« Que votre majesté soit la bienvenue dans ce château de monsieur le marquis de Carabas !

– Comment, monsieur le marquis, s’écria le roi, ce château est encore à vous ! Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau. Visitons l’intérieur. »

Le marquis donna le bras à la jeune princesse et, suivant le roi qui montait le premier, ils entrèrent dans la grande salle où ils trouvèrent une magnifique collation que l’ogre avait fait préparer pour ses amis qui devaient venir le voir mais qui n’osèrent pas entrer sachant que le roi y était.

Le monarque, impressionné par le luxe et le raffinement du château du marquis, et sachant que sa fille en était folle, lui dit après avoir bu cinq ou six coups qu’il voudrait bien le voir marié à la princesse. Le marquis de Carabas, faisant de grandes révérences, accepta l’honneur que lui faisait le roi et, le jour même, épousa la princesse. Le chat devint grand seigneur et ne courut plus après les souris que pour se divertir.

L’interprétation du chat botté

La psyché est ici en grand chamboulement (décès du meunier, prise de succession…). L’individu traverse visiblement une période de transition intérieure. Devant le risque d’être éliminé, le chat s’éveille et se met à parler ce qui signifie que le psychisme produit un soubresaut pour se protéger du danger, pour pouvoir avancer, se reconstruire.

Le chat est par excellence un animal « intermédiaire » : la tradition populaire lui attribue facilement des capacités médiumniques et de nombreuses cultures en ont fait un être psychopompe c’est-à-dire pouvant conduire l’âme des morts dans l’Au-delà. Le fait qu’il demande des bottes va renforcer son côté intermédiaire : dorénavant il appartient au monde des humains comme au monde animal, il fait le va et vient d’un côté à l’autre. Il est porteur de tous les possibles et son anthropomorphisation rappelle sans cesse l’inspiration qu’il a reçu et avec laquelle il garde le contact. L’individu est passé d’un esprit et d’une vision des choses ordinaires à un état intuitif, inspiré.

Ce que certains appellent le « sixième sens » est en train de prendre les commandes et va réaliser ce que la psyché ordinaire n’aurait même pas eu l’idée de tenter.

Par des cadeaux modestes mais réguliers, le chat va réussir à attirer l’attention du roi sans le dégoûter ou le braquer, plutôt en piquant sa curiosité : l’aspect de la psyché éveillé par les événements récents va entretenir et consolider un lien avec une force agissante qui pourra améliorer les conditions de vie de l’individu concerné. Le chat botté est ce qui nous pousse à nous en sortir.

Pour réussir cela il faut parfois y aller au culot : le chat invente une noble identité à son maître et va débusquer le roi en son propre palais comme il débusquerait une souris dans un champ. C’est un digne représentant de l’archétype du Chasseur. J’ai bien mis « Chasseur » avec un grand « C » car il ne s’agit pas de chasser des bêtes en forêt mais de toute activité de chasse, de recherche, à l’intérieur de nous comme à l’extérieur lorsque nous sommes en quête d’un avenir meilleur. Ce chat fripon n’est pas non plus sans rappeler certaines divinités comme Loki, le farceur des mythologies nordiques. Il véhicule donc plusieurs archétypes : le Jeu-Farce, la Ruse, la Chasse. Ces forces n’ont rien de malveillant si elles sont bien dosées et utilisées au bon moment.

L’épisode du bain symbolise le point de non-retour, la chance que l’on saisit au vol sans savoir où elle va nous mener (le jeune-homme devenu marquis n’a aucune idée de ce que manigance sont chat, son intuition en quelque sorte, mais il suit, il s’abandonne au courant de la vie). Le bain est aussi purification rituelle pour marquer ce changement profond, cette transformation de la vision des choses, des goûts, des décisions… La prise de décision est irrévocable : l’individu va au devant de la force qui va changer son existence en mieux.

La nouvelle psyché vient de naître, elle est fragile (homme dénudé), il va falloir la renforcer, la travailler : on donne de nouveaux habits. Puis tout va être redéfini, révisé (les opinions, les valeurs, etc. L’individu va ainsi s’exercer à la pensée positive en se « forçant » à dire que ses rêves sont déjà là, exaucés et en les visualisant) : le chat « transforme » les possessions de l’ogre en possessions du marquis et le marquis rentre dans le jeu comme s’il ne doutait pas un seul instant que tout cela lui appartienne vraiment. Par ce stratagème, la vie va vraiment lui apporter ses rêves sur un plateau. Si vous voulez plus de détails sur ce processus qui relève du subconscient (ici bien symbolisé par le chat) vous pouvez lire les ouvrages de Joseph Murphy, notamment « la puissance de votre subconscient ». Si vous n’aimez pas la lecture sachez que vous pouvez aussi écouter ce best-seller sur internet en cherchant dans les vidéos.

Pour vous résumer brièvement le procédé, il s’agit, lorsque vous désirez une chose, de visualiser le résultat : l’état dans lequel vous vous trouverez quand vous l’aurez, les émotions ressenties (joie, calme, gratitude…), etc. Si, par exemple, vous avez besoin de vous rendre à Paris à telle date et que vous n’avez pas de voiture ni les moyens de vous payer le train, visualisez que vous êtes à l’heure convenue sur les lieux. Ressentez cela, plongez-vous dans les moindres détails de l’ambiance comme si vous y étiez puis sortez de cet état en étant absolument persuadé que c’est bon, qu’il n’y a plus de problème, que vous serez à Paris comme convenu. Que ce soit clair pour vous jour après jour : vous allez à Paris pour le tant, et non pas « j’irai à Paris si j’en trouve le moyen… ». Cessez de penser à cela, laissez-vous aller à votre quotidien. Ne vous posez pas la question du comment, du moyen. Sachez que vous y êtes et remerciez la vie, Dieu ou qui vous voulez pour cela.

Le moyen se présentera alors à vous comme par magie au moment où vous n’y penserez plus : quelqu’un qui vous devait de l’argent que vous n’attendiez plus remboursera sa dette, ce qui vous payera le billet aller-retour, ou alors on vous proposera un covoiturage, ou n’importe quel autre moyen que vous n’auriez pas osé espérer.

Ainsi la psyché, grâce à l’intermédiaire-chat, au subconscient-chat, se réorganise de fond en comble et décide que, dorénavant, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (la méthode Coué est un exemple de dialogue avec le subconscient pour qu’il réorganise tout et que la force agissante aide à changer un domaine ou un autre).

Le roi représente le Jugement qu’il faut berner car son discernement pourrait compromettre l’affaire. Il ne faut pas laisser parler la voix qui viendrait dire « pourtant je sais que ce n’est pas vrai ». Il faut tenir le rôle jusqu’au bout. Le conte du chat botté incite simplement à persévérer, à s’accrocher à son rêve, à son objectif, à y croire jusqu’au bout contre vents et marées.

Parfois, le changement attire le Prédateur qui s’invite alors avec des « c’est n’importe quoi, je n’y arriverai jamais, je ne parviens pas à y croire, cette méthode est débile, je suis nul… ». Ce peut être aussi un très gros défaut ou un problème sur lequel on ne s’était pas penché avant et qui pourrait mettre un frein au bon déroulement des opérations. Ce peut être absolument n’importe quoi : une pensée de culpabilité dont il faudrait se défaire, un conditionnement quelconque, se donner le droit au bonheur, arrêter un traitement qui entretient la maladie au lieu de la guérir, vaincre un genre de malédiction familiale, se détacher d’une personne pessimiste qui a trop d’ascendant sur nous ou surmonter cet ascendant justement…

Du problème (ogre) quel qu’il soit, avec patience et ruse, le chat ne fait qu’une bouchée, ce qui achève de discipliner et stabiliser la psyché dans son nouveau schéma de fonctionnement. L’individu est parvenu à changer de mentalité. Pour lui, la pensée positive et le contrôle tranquille sont maintenant sa nouvelle façon d’être. Il n’a plus à se forcer, à faire semblant.

Les bénédictions pleuvront avec de plus en plus de facilité, la chance attirant toujours plus de chance, ce qui est représenté par le mariage, cerise sur le gâteau.

Ce conte convient parfaitement à ceux qui se trouvent à un point crucial de leur vie mais se demandent comment réussir avec le si peu qu’ils ont. Pourtant, si l’on est Chasseur chevronné, on peut obtenir ce que l’on désire en partant de 3 fois rien. Le 3 fois rien pouvant être une qualité, même si elle paraît sans lien avec les épreuves à surmonter, un talent, une caractéristique physique, une relation même si elle paraît ne pas pouvoir servir en la circonstance, le début d’une petite idée même si elle paraît ridicule… Suivez votre inspiration et jouez à faire « comme si », comme le font les enfants !

Puisse le chat botté vous seconder lors des grands tournants de votre vie : mariage, maladie, changement de travail, examen à décrocher, développement d’un domaine qui vous tient à cœur, changement de bases dans une relation déséquilibrée ou non-épanouissante… Abandonnez la vision ordinaire, étriquée et sombre que vous avez du problème. Listez vos aides, vos objectifs, vos priorités et priez, méditez, visualisez, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour recevoir l’inspiration, pour débusquer le génie de la lanterne (surtout, débranchez le mental car en fait il ne faut rien « faire » pour recevoir l’inspiration, il faut plutôt arrêter de lui mettre des bâtons dans les roues pour qu’elle puisse s’exprimer du fond de chacun d’entre nous). Et faites tomber l’ogre, mensonge de votre impuissance. Laissez émerger la meilleure personne que vous puissiez être.

Vous ne tarderez pas à découvrir, si vous choisissez de mettre le doigt dans l’engrenage, que votre esprit d’invention est plus rapide que vos croyances habituelles et qu’il les prend de court avec facilité dès qu’il le faut (le chat devance le carrosse contenant son maître et tous ceux qui tentent de participer à l’affaire).

Usez et abusez de ce conte, en particulier chez les enfants qui traversent la douloureuse épreuve de la maladie (à condition qu’ils aiment l’histoire évidemment). S’ils s’emparent du personnage et le font s’attaquer à tous les « ogres » de leur imaginaire ou aux microbes, surtout laissez-les faire !

Racontez le Chat Botté à tous ceux qui luttent au point d’en déprimer et de s’épuiser, à ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’espoir que le monde s’améliore, à ceux qui sont d’avis qu’il n’existe aucune solution à leurs soucis… Les chaussures et les bottes, du maître chat ou du Petit Poucet par exemple, permettent d’avancer, pas physiquement mais psychiquement ou spirituellement. Elles représentent la force d’aller de l’avant. De belles grandes bottes donnent la possibilité de s’aventurer sur des terrains encore plus dangereux (épines…) ou d’avancer encore plus efficacement, la volonté est quasiment inébranlable. Ne vous arrêtez jamais, si vous pensez être bloqué, dites-vous simplement « Voyons ce que l’on peut trouver ». Rien que formuler cela vous libérera d’un poids. Vous ne me croyez pas ? Essayez !

Plus de contes dans « L’interprétation des contes, le monde archétypal » de Maïté Molla-Petot aux éditions Bussière

L’interprétation des contes