L’Eau-Delà
H2O. Une formule chimique on ne peut plus simple. Pour une substance si incontournable pourtant ! L’une des bases de la Vie-même, pas moins que cela. Au fil du temps, au fil de l’Eau, on a sanctifié, divinisé cet élément. Partout. A toutes les époques. On lui a littéralement élevé des monuments, eh oui ! Les fameux châteaux d’eau bien sûr ! Sans parler des innombrables fontaines de tous les genres et autres semblables. Ah, sacrées Eaux ! Et Eaux Sacrées…
L’Eau est partout présente, mais pas toujours facilement accessible… Que l’on pense aux déserts où les oasis sont si prisées. S’il n’y a pas d’oasis, vous devrez creuser parfois plusieurs dizaines de mètres pour parvenir à la première goutte. Bon courage !
Revenons à notre Eau universelle : elle est donc tellement partout, que nos ancêtres pensaient la trouver même dans l’Après-Vie. C’est « L’Eau-Delà » bien évidemment. Comme l’Eau est partout, il y a toujours une « Eau de là » où vous vous trouvez. Et quand il se trouve beaucoup d’Eau à un endroit sur cette Terre, c’est peut-être que le lieu est propice à une communion importante avec l’Eau-Delà justement ! C’est ainsi que le splendide delta du Nil fut bien vite considéré comme la demeure d’Isis, Déesse parmi les Déesses, pourvoyeuse de Mort comme de Vie. Car si cette divinité est connue pour avoir ressuscité son défunt époux et commandé aux Eaux de sortir parfois de leur lit pour fertiliser les champs, elle sait aussi terrasser ses ennemis et imposer la Loi. Il ne peut en Être autrement pour une Déesse de la Vie puisque de toute façon Vie et Mort ne sont qu’une seule et même chose. Pour prendre un exemple fort simple, pour donner naissance à une nouvelle société fondée sur la Paix et la Loi qui garantit cette Paix, il faut bien amener la société barbare précédente à sa Mort. Ce n’est qu’un Pas Sage, un pas plein de sagesse, une Transformation. Ainsi, Isis proclame dans son Hymne égyptien, « Je suis Isis, la maîtresse de tout le pays. […] J’ai édicté des lois pour les Hommes […]. Je suis celle qui a inventé pour les Hommes les fruits de la terre. […] J’ai mis fin à l’anthropophagie […]. J’ai mis fin au pouvoir des tyrans. J’ai ordonné que les hommes chérissent les femmes. J’ai ordonné que le droit soit plus fort que l’or et que l’argent. […] Je suis la maîtresse de la guerre, je suis la maîtresse de la foudre. J’apaise et je fais se gonfler la mer. […] Ce que je juge bon, cela s’accomplit. Tout m’obéit. Je délivre ceux qui sont enchaînés. […] Salut à toi, Egypte, qui m’a nourrie ! »
Et les traditions européennes de renchérir : chez les Germains, l’Eau est la Porte vers « l’Âme Hors » (la Mort) elle-même. Quand l’Âme sort hors du corps. Ce n’est pas qu’il y ait pour eux un fleuve à traverser pour parvenir au pays des morts, comme cela se fait chez les grecs avec le Styx, non. C’est carrément qu’il faut traverser l’Eau elle-même. Et alors on arrivera à l’Eau-Delà. Tout ceci n’est que symbolique : que l’on navigue sur les flots ou que l’on traverse le miroir revient Eau même…
Tout ceci est Eau Finale bien logique : ce sont par les Eaux qui entourent le bébé dans la poche du ventre maternel que nous venons en ce monde, c’est par l’Eau que nous le quitterons donc ! Une Déesse comme Isis ne pouvait pas résider ailleurs que dans l’un des plus grands deltas du monde ! Et ce n’est pas la seule divinité à être associée, identifiée, à l’Eau. A toutes les Eaux.
Notre époque est bien la première et la seule à si peu considérer cet élément, à le polluer, le détourner, le gaspiller, à ne plus lui parler, à s’en détourner, à ne plus le remercier ni le saluer… Alors que même une Déesse telle qu’Isis saluait son pays. Pour qui l’inhumain se prend-il ? Dans quelles Eaux troubles s’est-il égaré ? Il lui faudra bien reprendre son voyage au fil de l’Eau s’il veut voir une Aube supplémentaire se lever… Il va bien falloir qu’il redescende de son petit nuage. S’il ne le fait pas de lui-même pendant qu’il est encore temps, les Déesses « d’En-Eau » pourraient bien l’éjecter lors d’une violente tempête ! Il ne peut pas se tenir séparé de la Nature bien longtemps. Tout est Un et Tout est cyclique, et nous sommes tous des parties de ce cercle en perpétuelle transformation, comme le montre si bien la lettre « O » qui se prononce exactement comme l’Eau et résume tout ce que symbolise cet élément à elle seule.
Alors, si ces quelques paragraphes vous ont enchantés, chers lecteurs et lectrices, saluez l’Eau de Là où vous Vivez !
Maïté Molla-Petot, enchanteresse chamanique, « Eau-teure » et thérapeute.